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pxrouge FESTIVAL REVIEWS I 20. INTERNATIONAL FILM FESTIVAL NYON VISION DU REEL 2014 I PAR ALIENOR VALLET I 2014

20. FESTIVAL VISION DU REEL

Les tourments orageux du Réel…

Le festival Vision du réel nous plonge au cœur de relations tumultueuses dans sa sélection de films dans la catégorie Etat d’Esprit

 

par ALIENOR VALLET

"Die Menschenliebe" de Maxililian Hasberger

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Depuis l’esplanade du château de Nyon en Suisse romande, tandis que se profilent, face à nous, des montagnes dont les flans raides se perdent dans l’immensité tranquille du lac Léman, on se demande, une fraction de seconde, si les Alpes ne flotteraient pas. Au delà de l’apparente sérénité d’un temps suspendu, se dressent des sommets recouverts d’un épais manteau nuageux, révélant une inquiétante agitation. Ce sont les tourments orageux que l’on découvre dans les belles propositions du festival international de cinéma Nyon Visions du Réel.

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"El Tiempo Nublado", Arami Ullión

 

A cet égard, le film de coproduction Suisse/Paraguay au titre évocateur « El Tiempo Nublado », intégré au programme très justement nommé « Etat d’Esprit » est bien dans « l’air du temps ». Sa réalisatrice, Arami Ullión, une paraguayenne vivant en Suisse où elle a décidé de construire sa vie familiale, nous fait partager son inquiétude pour sa mère qui, vivant seule au Paraguay, se trouve aujourd’hui atteinte de la maladie de Parkinson. Une forte relation mère-fille se dessine, entre amour et culpabilité, autour de la nécessité d’un placement en maison de retraite. « El Tiempo Nublado » pose la délicate problématique de notre société dans son rapport à la vieillesse. Le film a remporté un Sesterce d’argent, section « Regard Neuf » pour le meilleur premier long métrage.

Dans ce beau programme « Etat d’Esprit »,  on retiendra également les pluies diluviennes et sourdes de la filiation avec le film chinois « Sui Sui » du réalisateur Ye Zuyi qui nous convie lui aussi à assister à un drame familial. Ici le conflit se joue entre la mère et le fils. Tandis qu’il suffit à la mère de cultiver sa misérable terre et de transmettre la vie, le fils, réalisateur, aspire à trouver un travail qui lui convienne. Par de longs plans séquences, le nœud se ressert, révélant en même temps la pesanteur d’une certaine fatalité. Les vécus, les mentalités et les rêves de deux générations s’affrontent dans une retenue qui révèle avec poésie le gouffre de deux visions incompatibles.

Il est encore d’autres brouillards impossibles à dissiper : ceux-ci s‘invitent dans les pièces de séjour comme le donne à voir et à réfléchir le film « Iranien ». Dans cette coproduction Suisse/France, le réalisateur iranien Mehran Tamadon convie des religieux iraniens à partager un salon « idéal », neutre idéologiquement, afin d’élaborer avec eux des règles pour construire les bases d’une vie en commun. Derrière un dispositif joyeusement naïf, ce film pose avec justesse les questions essentielles du vivre ensemble. En décortiquant avec humour les visions religieuses ou athées, ce film met à mal le rêve universaliste occidental, au grand désarroi du réalisateur. Ce film qui offre une splendide réflexion philosophique sur la Cité idéale : est-elle un rêve partageable ou est-elle juste souhaitable? a remporté le prix Buyens-Chagoll (pour une œuvre à dimension humaniste).

 

The chebabs de Yarmouk

"Iranien", Mehran Tamadon

Des « Etats d’Esprits »,  on citera encore les troubles brumeux du désir irrépressible avec le film allemand « Die Menschenliebe »du réalisateur Maxililian Hasberger. Impossibles à dissiper ceux-ci tourmentent les deux protagonistes du film. Le réalisateur a fait le choix de mettre en parallèle les trajectoires de vie de deux hommes en situation de handicap, qui répondent bien différemment aux exigences de leur désir. Tandis que l’un tombe amoureux de son aide soignante, l’autre se perd dans une course à la consommation de sexe. La force et la beauté de ce film c’est son regard sur les relations avec ceux qui se prêtent au jeu : aide soignante, sœur, ami ou prostitués hommes et femmes, tous animés d’une grande compassion.

don ca

"Dieu et Les Chiens", Collectif Abounaddara

 

Il faut tout de même encore mentionner le tourment qui nous a paru le plus dévastateur ou la bourrasque la plus fulgurante. Celle-ci est issue non pas de « Etat d’esprit » mais de la sélection de courts-métrages en compétition internationale et se nomme « Dieu et les chiens ». Ce film syriaque du collectif Abounaddara, est un véritable ouragan. Ici, l’affrontement est inégal et se déroule sous le regard de pairs. En un seul plan séquence d’une douzaine de minutes, concentré sur le regard et les lèvres d’un jeune combattant syriaque, nous assistons à sa confession du meurtre d’un innocent pour le soulager de la torture. Cette flèche qui va droit au cœur nous rappelle la complexité de notre humanité et la difficulté à en définir les limites.

 

Visions du Réel qui fête cette année un double anniversaire, nous a offert, en particulier à travers son programme « Etat d’Esprit » , une remarquable sélection de films aux traitements audacieux, nécessaires pour soulever les esprits et les consciences, rouge

 

 

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19. VISION DU REEL 2014

info

25 / 04 - 03 / 05 / 2014

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El Tiempo Nublado

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